Francais

Simon Bilodeau
Les Revers du Technicolor
Texte de Anne-Marie St-Jean Aubre

Posant un regard cynique et cinglant sur le monde actuel, Simon Bilodeau nous propose d’en imaginer les restes, les déchets, suggérant par ses tableaux et sa prise en charge de l’espace d’exposition les sites archéologiques du futur. Transgressant les frontières connues de la galerie, l’artiste entraîne le spectateur au-delà de l’espace convenu des salles d’exposition, vers un ailleurs désertique aux reflets futuristes. En effet, le spectateur entrant dans la pièce du fond au rez-de-chaussée de la galerie, sera amené à traverser un étroit couloir « muséal » consacrant des tableaux de petites dimensions. Ces tableaux, qui laissent entrevoir à travers les coulisses de peinture la signature – image de marque – de l’artiste, évoquent par leur présentation le rite initiatique garant de la reconnaissance artistique. Tout au bout du couloir, le spectateur accèdera à une deuxième pièce, inédite, de l’espace d’exposition, dans laquelle trônera, au-dessus d’une scène évoquant un autel serti de cristaux chatoyants, une toile célébrant la chute de la réalité « Technicolor » d’aujourd’hui.

Dévoilant l’aspect illusoire des valeurs de richesse et de consommation que nous font miroiter les publicités et images de marque établissant les standards visuels actuels, Simon Bilodeau n’hésite pas à détourner les symboles de réussite que sont les diamants et la signature de l’artiste. En donnant une place considérable en terme de superficie à son nom, faussement taillé dans la pierre, ainsi qu’à des diamants de grosseur inespérée, décevant par leur matière pauvre, le plâtre, Bilodeau dénonce la superficialité rampante d’une humanité aveuglée par l’artifice et le spectaculaire, se nourrissant de simulacres. Son univers en noir et blanc, étincelant mais stérile, évoque le champ de bataille d’une guerre propre, aux armes silencieuses laissant peu de traces. Ce que la version visuelle des onomatopées d’explosion, facilement méprises pour des étoiles à l’éclat disproportionné, sous-entend. Une guerre propre, sournoise, dont les souillures ont été cachées sous de larges plages blanches, desquelles émergent tout de même le désordre par endroits : tant à travers cette figuration étrange, ces jambes sectionnées revêtant l’arme de séduction qu’est le talon aiguille, que par ces coups de pinceau malmenant la matière picturale dans des lieux circonscrits du tableau.

Deux discours critique, donc, au sein de cette pratique artistique se penchant sur les mondes de l’art et de la publicité, encensant tous deux avec la même vigueur ces noms – de marques déposées, d’artistes – aux auras fabriquées. Du toc, nous dit l’artiste, de la camelote, une opération de charme menée de mains de maître par ceux, au-dessus, au-delà, qui tirent les ficelles. Théorie de la conspiration? Peut-être, mais qui donne lieu à des tableaux et des mises en scènes intrigantes.

English

Simon Bilodeau
You Are Just a Star
Text by Jaynus O'Donnell

In the body of work Tu n'es qu'une étoile , Simon Bilodeau combines monochrome, what he terms “no colour”, painting and sculpture to create a dramatized representation of reality. In this skewed but accessible vision, Bilodeau questions the role and status of the artist in relation to art consumers (viewers) and traditional spaces for viewing art (exhibition spaces). References to construction/destruction and incomplete or degenerating architectural spaces indicate the instability of metaphorical structures such as authenticity and visual understanding. This commentary points to the fragile and subjective quality of meaning formation when considering visual symbols, including artwork and the physical spaces where artwork is situated. Minimalistic tendencies such as uniformity of colour and form edge into this milieu and are present in some pieces. However, combined with the inclusion of gestural tactics in Bilodeau’s work, these tendencies become peripheral and seem not to indicate a straightforward affinity with Minimalism .

However, it is partly this minimal and sparse physical appearance that enables the viewer to initially become engaged in activities of mental completion and construction. This viewer-dependent interaction (or participation) creates a more level relationship between the artist and viewer; the reinstitution of the viewer’s choice through active intellectual involvement and meaning construction encourages a more personal interaction with the work. In this self-reflexive yet inclusive strategy, Bilodeau develops a concern with diluting the authority of the artist. And in doing so, creates multiple and layered meanings through diverse viewer involvement.

The introduction of this autonomy succeeds in combating notions of art-stardom and acknowledges the importance of viewer interaction in the completion of artworks. The creation of art becomes something more than a solitary venture and the artwork seems tentatively placed in time and space, becoming ever altered by its surroundings. This notion places artwork not only in temporally and spatially variable atmospheres, but also in the most literal of social contexts. The art interacts, it is interacted with and it is altered by opinions, judgments and actions of the spaces and people around it. Minimalism has often, and arguably falsely, been criticized for its coldness and inaccessibility. And while there are elements of - and even historically relevant homages to - Minimalism in Tu n'es qu'une étoile, Bilodeau successfully avoids the criticisms associated with the movement through openly implanting entry points and social components into the austere landscape of his painting and sculpture practice.